Le site web d’artiste

Le site web est un outil extrêmement appréciable pour tous les artistes professionnels. Avec cette chronique, j’invite les artistes membres du RAIQ à considérer la création ou la mise à jour d’un site web professionnel. Pour celles et ceux qui seront intéressé.e.s, j’en profite également pour vulgariser, dans la deuxième partie de ce texte, le fonctionnement d’Internet et du web.

J’ouvrirai donc ce plaidoyer en faveur du site web d’artiste en parlant un peu de mes propres habitudes de navigation et de ma perception toute subjective. Lorsque je cherche le nom d’un.e artiste en ligne, je préfère consulter son site web avant toute autre source d’information. C’est un lieu qui me permet d’avoir en un coup d’œil une idée claire de la manière dont l’artiste se présente au monde. Contrairement aux réseaux sociaux, qui formatent et aplatissent très strictement l’expérience (on peut par exemple penser à Facebook et à son interface surchargée misant sur les commentaires de tout un chacun ou encore à Instagram, où l’image prime et le seul mode de navigation effectif est un éternel défilement vers le bas), le site web est un espace de “liberté” qui permet à l’artiste de mettre de l’avant ce qu’elle/il souhaite et de donner à voir et à vivre son monde. Dans un esprit un peu romantique, découlant de mes biais d’archiviste et d’historienne, j’aime penser le site web d’un.e artiste comme une extension de son œuvre.

De manière plus pragmatique maintenant, votre site web peut jouer le rôle de vitrine, de portfolio, de curriculum vitae et de calendrier. Il s’agit d’un outil de valorisation pour votre pratique et votre œuvre. C’est aussi une parcelle du web sur laquelle vous pouvez exercer un plein contrôle. Comme le souligne Mickaël Spinnhirny dans un billet rédigé pour le Regroupement québécois de la danse, le site web contribue merveilleusement à l’accessibilité et à la crédibilité de votre pratique, tout en devenant le point de convergence de vos diverses présences numériques. Vos partenaires, vos diffuseurs et vos regroupements professionnels peuvent également pointer vers cet espace dans leurs outils de communication (tel que le répertoire des membres du RAIQ 😉) et contribuer ainsi à tisser une toile de visibilité enrichie autour de vous et de votre pratique. Ces liens, qui ont pour point de départ et d’arrivée les pages de votre site web, participent d’ailleurs à améliorer le référencement de votre site sur les moteurs de recherche.

Il existe un vaste ensemble de ressources pour débuter dans la conception d’un site web. Je partage avec vous deux pages pertinentes tirées de MDN Web Docs, une plateforme collaborative pour l’apprentissage des technologies du web hébergée par Mozilla : Commencez votre projet Web et Publier sur le Web : combien ça coûte ?. La boîte à outils de Québec Numérique offre aussi plusieurs pistes à explorer.

Pour le plaisir de comprendre : Internet et le web

Maintenant que l’invitation à considérer la création d’un site web professionnel est lancée, je me suis dit qu’il serait intéressant de revenir aux sources et de répondre à deux questions simples mais fondamentales : qu’est-ce qu’Internet et qu’est-ce que le web?

Internet est un réseau d’ordinateurs communiquant entre eux. Il s’agit de l’infrastructure technique sur laquelle reposent différentes applications, dont les plus connues auprès du commun des mortels sont le web et le courriel. En effet, Internet et web ne sont pas des termes interchangeables!

Internet, le réseau

Si on reprend du début, Internet est l’infrastructure qui permet la transmission d’information à travers un réseau décentralisé composé d’ordinateurs reliés entre eux par des câbles (par exemple, la fibre optique traversant les océans ou encore les câbles ethernet reliant un ordinateur à un routeur) et des ondes (par exemple, wifi ou Bluetooth). Les appareils sur le réseau peuvent jouer le rôle de serveur ou de client. Le serveur est un ordinateur dans lequel sont entreposées des données (par exemple, les fichiers composant une page web). Le client est l’ordinateur qui demande des accès à ces données (par exemple, pour afficher la page web demandée).

La communication entre ces ordinateurs est organisée en différentes couches, chacune d’entre elles ayant recours à un ensemble de protocoles standardisés. L’une des premières couches de cette infrastructure repose sur le protocole IP (pour Internet Protocol) et permet l’identification et la localisation de tous les ordinateurs sur le réseau. Par exemple, dans un appartement, on retrouvera peut-être un routeur, un ordinateur portable, un ou deux téléphones intelligents et un thermostat intelligent. Chacun de ces appareils possède sa propre adresse IP. Une seconde couche assure ensuite le transport des informations entre les ordinateurs. Cette fonction repose sur le protocole TCP (pour Transmission Control Protocol). La couche de transport est responsable d’établir la connexion entre les appareils, de procéder à la transmission de l’information, puis de mettre fin à la connexion. Une couche applicative peut enfin être bâtie sur les bases des protocoles TCP/IP. De ces applications et services, fonctionnant avec un nouvel ensemble de protocoles, nous sommes nombreuses et nombreux à en utiliser plusieurs quotidiennement : le web (HTTP), les courriels (SMTP, POP, IMAP), les services de musique ou de vidéo en continu.

Le web, une application

Le web est donc une application parmi d’autres reposant sur l’infrastructure d’Internet. Il s’agit en quelque sorte d’une collection de documents (les pages web), chacun identifié à l’aide d’un URL (Uniform Resource Locator) ou d’un URI (Uniform Resource Identifier), souvent appelé adresse web. Un client, par exemple le navigateur Firefox, envoie une demande d’accès à une ressource hébergée sur un serveur, puis reconstitue l’information transmise par ce dernier pour l’afficher à l’écran de l’utilisatrice.eur. Les protocoles fondamentaux d’Internet permettent de localiser l’ordinateur à partir duquel est formulée cette demande et celui sur lequel est stocké le document demandé (le serveur) et d’assurer la connexion entre les deux appareils, puis le transfert des données. Le protocole HTTP (Hypertext Transfer Protocole et son pendant sécurisé, HTTPS), standard propre au web, fonctionne au niveau de la couche applicative pour assurer la transmission de documents de types hypertextuels. Ces documents – les pages web – sont écrits dans le langage HTML, auquel peuvent ensuite s’ajouter d’autres couches de langages permettant entre autres de définir l’apparence visuelle de la page, d’y ajouter des fonctions interactives et d’y afficher des ressources multimédias (vidéos, sons et images).

Dans l’écosystème du web, on compte aussi un vaste ensemble d’outils et de concepts, avec lesquels il est très utile de se familiariser : 

Si cette trop brève introduction a piqué votre curiosité, je vous invite à consulter les ressources listées ci-haut, de même que les guides éducatifs développés avec Mozilla, dont Le fonctionnement de l’Internet (les illustrations sont particulièrement utiles pour visualiser ces concepts!) et Comprendre les différences entre une page web, un site web, un serveur web et un moteur de recherche, ainsi que le site web Le numérique en questions.

À bientôt,

Isabelle L’Heureux